Respire, souris, vis
Il y a un peu plus d’une semaine, Tan a proposé aux membres de l’association « Kundeba » de se retrouver pour assister à la projection du film « RESPIRE souris, vis » de Yen Le Van en présence de la réalisatrice.
Nous avons été une douzaine à répondre à l’invitation et à nous retrouver hier soir à Vitry-sur-Seine pour voir tous ensemble ce film.
Ce film est tellement beau que je ne vais pas chercher à en faire moi-même le résumé.
Je préfère laisser la parole à Yen Le Van et vous laisser découvrir le résumé qu’elle a fait de son film et la note d’intention qu’elle a rédigé.
Ce film croise le regard d’un Maître Zen, Thich Nhat Hanh, d’un scientifique, Jon Kabat-Zinn, d’une professeure de Hatha Yoga, Mira-Baï Ghatradyal, d’une pédagogue et psychothérapeute, Eline Snel et d’un financier, Laurent. A priori tout les oppose, pourtant, chacun d’entre eux pratique la méditation.
Yen Le Van
Pratiquée depuis des millénaires, elle est aujourd’hui redécouverte par la médecine et la recherche scientifique. C’est dans ce cadre laïc, qu’elle est devenue l’antidote au stress de la société moderne et se développe dans les écoles, les hôpitaux, les entreprises et les prisons.
S’installer confortablement, se concentrer sur sa respiration, et lorsque l’attention s’égare, revenir à sa respiration. Rien de plus simple et à la fois rien de plus compliqué…
Comme lors d’une méditation, je voudrais que ce film soit une expérience. Une pause dans le quotidien, pour contempler notre monde, retrouver la beauté de la vie dans l’instant présent et prendre conscience de notre responsabilité individuelle au sein du collectif.
« Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille » Jacques Brel.
« La guerre du Vietnam fait partie de mon histoire familiale. Mon père communiquait peu. Ma mère ne me désirait pas. Je suis née dans le silence. Un silence devenu amour au fil du temps.
La grâce de ce silence, je l’ai reconnue lorsque j’ai fait une retraite au Village des Pruniers, en Dordogne. Nous étions plus de mille personnes à recevoir l’enseignement de Thich Nhat Hanh sur l’art de vivre en Pleine Conscience. L’art de prendre soin de soi en accueillant le temps : mental, individuel et collectif.
Plus concrètement il est question de réorganiser sa vie, sa manière de travailler, de manger, de dormir, de respirer, de communiquer. Comment ? En nourrissant la conscience d’être vivant à chaque instant, chaque heure, chaque seconde pour accueillir et retransmettre ce don de la vie.
C’est un combat dans la douceur, un changement de regard. Loin des idées reçues, la méditation est une expérience corporelle. Ce savoir-là emprunte un langage différent de celui des mots et des idées. L’acte de connaissance passe par le corps. En demeurant dans la conscience attentive, nous participons intimement à la vie qui se déploie en nous et autour de nous.
J’y ai trouvé une ré flexion sur nos vies au sein du collectif, une approche moderne et pas traditionnelle comme on pourrait l’imaginer, résolument contemporaine. C’est cette découverte que j’aimerais partager.
La révolution du silence, le changement sans destruction, le principe de l’effet de groupe.
Notre cerveau compte de 86 à 100 milliards de neurones dotés chacun de 1 000 à 10 000 connections synaptiques et assistés de 1 000 à 5 000 milliards de cellules gliales. Ce réseau immense est relié électriquement et chimiquement à 5 000 sortes de molécules, dont une centaine de neuromédiateurs. Un ensemble qui ne représente que 2% du poids de notre corps mais consomme 20% de l’énergie que nous produisons.
Pour que ce système fonctionne il faut que les neurones se connectent entre eux, car isolés ils sont inopérants. Cette interconnexion est possible grâce à des dendrites, des ramifications qui leur poussent en permanence. Or on sait que des sensations comme le désir, l’affection, l’interrogation, la ré flexion, l’action et l’effort volontaire favorisent leur croissance ! À l’opposé : le vieillissement, le stress, la pollution, certaines maladies mais surtout la passivité accélèrent l’usure des neurones et provoquent leur mort.
C’est donc le lien qui fait tout. Comme dans le corps social, un élément seul ne produit rien. Mais c’est dans sa capacité à se relier qu’il joue son rôle. La science l’a mesuré : apprendre, aimer, agir, méditer rend vigoureux nos neurones et leurs synapses. Ce que nous faisons à l’extérieur agit sur l’intérieur. C’est ce qui fait dire à Matthieu Ricard : plus qu’une discipline, la méditation est une “nouvelle manière » d’être.
Ré-apprendre à regarder, écouter, toucher, sentir, reconnaître pour approcher le monde au-delà et en deçà des apparences et élargir le champ de notre conscience. La neuroplasticité du cerveau con firme cette faculté humaine de remodeler nos vies à volonté. Les bienfaits psychobiologiques (renforcement du système immunitaire, augmentation d’émotions positives, résilience, autorégulation…) de la méditation ne sont plus à démontrer.
Le cœur est le centre du film, tout en part, tout y revient. Le fonctionnement du cœur se règle sur le souffle. Tout est question de souffle et chacun des personnages cherche et explore le sien. Bien souvent la méditation arrive lorsque l’on doit faire face à une épreuve.
La santé est un mot clé, lui aussi envisagé dans une perspective révolutionnaire puisque soudain relié à un chemin d’évolution, au partage de la beauté de la vie dans ses échanges, à la joie des rencontres et à celle que génère la pratique.
Je cherche ici à approfondir mon interrogation sur notre responsabilité individuelle au sein du collectif, dans un processus de partage, une dynamique de transmission.
Tel un organisme vivant, nous sommes reliés les uns aux autres par nos actions, nos pensées, nos décisions, notre environnement. Nous nous influençons mutuellement. La réalité est multidimensionnelle et énergétique. L’univers est constitué à la fois de matière, d’énergie et d’information. Ces composantes, les personnages du film en sont les métaphores. Ils livrent avec pudeur une partie intime de leurs vies. Ils sont leur propre sujet d’expérimentation et partagent leurs expériences personnelles d’une éthique fondée sur le respect de la vie. Passé, présent, fiction, réalité se télescopent pour interroger notre rapport au monde. »
En conclusion, je me contenterai de dire que ce film ne peut laisser indifférent, que cela été une merveilleuse chance de pouvoir en discuter avec Yen Le Van, et de le partager avec des amis.
La vie est un cadeau faite de belles rencontres dans un monde qui devient pourtant de plus en plus fou.
Alors posons nous quelques instants pour nous concentrer sur notre respiration qui est source de vie.
Sandrine